Société

Ils avaient été manipulés comme des marionnettes

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  • 15 septembre 2011

De toute évidence, ceux qui avaient construit cette machine infernale ne s’étaient pas donné la peine de parfaire l’illusion, Voyance par téléphone prenant sans doute leurs victimes potentielles pour de parfaits imbéciles.
Dans la vitre en face de moi, je me suis vu blêmir, le visage déformé par une haine intense.
J’ai repensé au traitement que Boule et ma famille m’avaient fait subir, et j’ai eu de la peine pour eux.
Pauvres diables ! Ils avaient été manipulés comme des marionnettes.
Pour quelles raisons ? Aucune idée.
Tout ce que je savais, c’était qu’il fallait frapper vite, et fort.
J’ai levé ma lourde clé de plombier et – tel un glaive de justice – je l’ai abattue de toutes mes forces sur le panneau de Plexiglas.
La vitre a volé en éclats, projetant dans la cabine une pluie de particules translucides.
J’en avais partout, dans les cheveux et sur les vêtements, mais je n’y ai pas fait attention.
Une pulsion sauvage m’habitait à présent, et j’ai continué de frapper, frapper, frapper, jusqu’à épuisement total.
Quand j’en ai eu terminé, l’intérieur du Photomaton était ravagé, totalement hors d’usage, comme après un attentat à la bombe, et j’avais très mal au bras.
J’ai attendu, hébété et haletant, qu’un agent de surveillance vienne me cueillir – j’avais dû faire un boucan du diable – mais personne n’est venu.
J’ai laissé tomber ma clé, j’ai ramassé le peu de forces qui me restait, et je me suis sauvé sans demander mon reste.
Dans la nuit qui a suivi, j’ai réussi un dormir un peu, à cheval sur ce même WC qui m’avait déjà accueilli plus tôt dans la soirée.
Au petit matin, j’ai joué à cache-cache avec la dame des toilettes, et à l’ouverture des portes, j’ai pris la poudre d’escampette.
Je ne savais trop que faire.
Bien sûr, j’avais renvoyé cette machine démoniaque en enfer, mais cela serait-il suffisant ? Est-ce que mes parents et ma sœur allaient retrouver la mémoire ou étais-je condamné à l’orphelinat ?
J’ai traîné un bon moment dans la zone piétonnière puis j’ai opté pour le choix le plus simple, le plus dangereux aussi : il fallait que je retourne chez moi et que je les confronte tous les trois.
*
Nous étions samedi matin, et quand je me suis arrêté devant la porte, la maison était silencieuse.
Tout le monde devait encore dormir.
Je suis entré avec mon double de clé, j’ai jeté un œil dans la cuisine et mon cœur a fait un sacré bond : sur la table de petit-déjeuner, soigneusement préparés par ma mère (comme tous les soirs selon une habitude bien ancrée), trônaient non trois plateaux comme je le craignais, mais quatre.

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