De parents allemands, son inventeur, le citoyen américain Charles Auguste Fey, est doué d’ un vigoureux esprit d’entreprise, et ce bien qu’il soit éprouvé par une épuisante affection. Niant des jugements médicaux très préoccupants, il se lance dans l’exploitation de bandits manchot. Intrigué par les roulettes qui abondent, à cette époque, dans sa ville, il forme sa propre société. Peu après, il comprend leurs indiscutables failles. De cette introspection, résulte la nouvelle machine a sous avec jackpot, la Liberty Bell.
Plus maniable que les roulettes conventionnelles, elle avance plus de combinaisons et un paiement automatisé: inutile de mendier son argent au cafetier. L’innovation est majeure, et cet article emporte, immédiatement, un énorme triomphe. Fier de cette réussite, Charles Auguste Fey protège précautionneusement l’exclusivité de sa trouvaille. Hélas, une machine est dérobée dans un café, et sera dépistée dans le hangar d’un ennemi; cet homme, opportuniste, commercialise un article semblable.
A la suite de ce regrettable fait divers, des concurrents émergents ont agi de même: les dommages sont inestimables pour Fey. Les puritaines condamnent, avec vigueur, cet engin de distraction, mais ces opposants ne freineront pas le développement des créations de Fey. Toutefois, débordées par l’engouement indomptable des joueurs, les différentes administrations ont sanctionné, lors de la grande Prohibition, les jeux d’argent. De surcroit, la condamnation concomitante des cafés, punit les endroits qui abritaient ces machines. Les fabricants ont dû envisager un expédient: ainsi, les tenanciers n’offrent plus des deniers à leurs clients mais des bonbons!
A notre époque, la machine à sous aplati les jeux de casino. Cette domination est irréfutable. Engin facile à assimiler, elle charme une foule de joueurs. Cette adhésion s’éclaire par l’appât de gains mirifiques: le craps et le baccarat,notamment, n’offrent pas de telles recettes. Une femme, d’une cinquantaine d’années, a décroché une somme avoisinant les deux millions d’euros. Ces machines ne dopent pas le sens de l’observation et n’impliquent aucune prédisposition particulière; un unique acte semble obligé: effleurer un bouton. Seule l’euphorie de regarder les dessins tant attendus appelle le visiteur. Les machines à sous fournissent, aujourd’hui, la plus grande partie des bénéfices des établissements de jeux. Irremplaçable aujourd’hui, elle a beaucoup changé depuis la Liberty Bell: le bruit des cloches a été remplacé.
D’innombrables protagonistes connus de cinéma envahissent les casino, car ils ornent ces machines. Leurs lumières multicolores, tout autant leur concert de sons fracassant, contribuent à façonner l’aura du casino. Bien entendu, elles ont conquis le net. Contenue par les autorités, en tant que jeu d’argent, la machine à sous moderne est exaltée car elle demeure, au mépris de son affinement, un produit simple et payant.
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