Société

La vitre a volé en éclats projetant dans la cabine une pluie

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  • 15 septembre 2011

J’ai pris au pas de course le chemin de la maison pour ne m’arrêter, hors d’haleine, que devant la barrière du jardin.
Il faisait presque nuit maintenant et mes parents, Voyance en général, ne sont pas des couche-tard.
La lumière du salon filtrait à travers le volet fermé.
Caché derrière la haie, j’ai attendu patiemment qu’elle s’éteigne, puis, à pas de loup, je me suis avancé jusqu’à la porte d’entrée.
Cette dernière était barricadée bien sûr, mais cela ne m’a pas arrêté : je garde toujours un double de la clé sur moi, accrochée à un mousqueton.
Quelques grincements de serrure plus tard, je cherchais la commode à ttons dans l’obscurité du salon.
Mon genou l’a trouvée avant moi, cognant violemment contre le bois dur du meuble.
J’ai étouffé une bordée d’injures (qu’il est inutile que je te répète, mon p’tit vieux) puis mes mains ont rencontré le tiroir.
Je l’ai ouvert et j’en ai tiré la lampe de poche que ma mère a la bonne idée de ranger toujours là.
Guidé par le faisceau de lumière, j’ai entamé une fouille minutieuse de la pièce, mais je n’ai pas eu à chercher longtemps : elles étaient là, devant moi, abandonnées sur la table basse, les fameuses pièces à conviction.
Je me suis emparé des trois bandes de photos d’identité et j’y ai braqué ma torche, étudiant chacun des visages avec une attention fébrile.
Ces derniers présentaient – mes soupçons se trouvaient confirmés de façon éclatante – la même transformation que sur la bande de mon pote Boule.
Sur la photo du haut, l’expression était neutre, presque sévère, comme il convient pour tout cliché que l’on sait devoir terminer un jour entre les mains d’un douanier ou d’un contrôleur d’autobus.
Mais pour les autres photos, oui, toutes les autres, c’était – dans le regard comme dans les traits du visage – une progressive et terrifiante descente vers l’oubli et l’égarement.
*
Dissimulé dans le WC du fond des toilettes de la galerie marchande, j’ai réfléchi un bon moment à la meilleure façon d’exécuter mon plan.
L’objectif était simple : réduire en pièces détachées ce fichu Photomaton, responsable de tous mes malheurs.
Il n’y avait pas d’autres solutions.
J’étais entré à la Promenade des Cygnes peu auparavant, assez tard dans la soirée.
Le supermarché du centre commercial – un
Mutant

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