Les deux hommes échangèrent leurs cartes et se revirent dès le lendemain au célèbre Juban’s, restaurant aux mets créoles bercés par le mélancolique chant du jazz New Orléans.
Ezra s’était fait un nouvel ami, peut-être le seul ami qu’il eut ! Deux fois par semaine, il l’invitait dans les plus beaux clubs de la ville et réglait l’addition d’un geste large en n’omettant pas d’être généreux avec le personnel.
Lorsque Tom parla à Ezra de ses ennuis de voiture, Annonces bateaux il eut la surprise de recevoir, dès le lendemain, la visite d’un représentant du garage Chevrolet muni du catalogue de la firme ; Mister Comb avait déjà payé un acompte substantiel à son bénéfice pour l’acquisition d’une nouvelle huit cylindres.
Si Tom avait été un peu gêné au début par la prodigalité de son ami, il comprit vite les avantages qu’il pouvait tirer de la situation, d’autant plus extraordinaire que Tom Morgan… n’avait jamais vécu une vie aussi aventureuse !
Cet ancien boxeur avait bien erré quelques années sur la côte Est en vivant de mille et un petits boulots, pas forcément honnêtes, mais était surtout doué d’une imagination sans limites.Dévoreur de
pulps à 10 cents, il était le baroudeur de la bibliothèque du district sud, le Batman des
comics achetés par lots en occasion chez le bouquiniste Jackie connu de tous les adolescents.
Tom Morgan n’avait jamais tué personne ni franchi les cataractes du Nil bleu.
Au fil des soirées passées à pérorer devant son public limité au seul regard émerveillé d’Ezra, il s’était glissé dans ce rôle d’aventurier factice qui le distrayait et commençait à être plutôt rentable.
Dans les bayous entre Franklin et Oaklawn Manor, Tom avait fait la connaissance d’un marabout adepte de séances de vaudous pour touristes.
Jim Charles prétendait pourtant être capable de « vraie magie » grce à de vieux livres hérités de colons français dont la famille avait fui l’Europe pour des raisons mystérieuses.
Jim et Tom avaient arnaqué quelques Allemands hilares assoiffés de bière et d’exotisme achetés à coups de billets de 100 dollars ainsi que des New-Yorkais membres de sectes douteuses.
Ce soir-là, la tiédeur de la nuit enveloppant le quartier Beauregard de Bton-Rouge, les terrasses restèrent ouvertes toute la nuit.
Jim Charles coulait sa silhouette plutôt ténue dans l’ombre d’un Tom rendu volubile par le rhum blanc.
Oui, lui, Tom, se fabriquait une vie d’aventures qui soûlait le pauvre Comb de paroles magiques et berçait son cœur aigri de financier.
Jim ne perdait rien de ces confessions et commençait petit à petit à élaborer un plan à côté duquel les vieilles escroqueries n’étaient rien.
Le financier de la Gold Eagle cherchait des souvenirs, eh bien on allait lui en donner pour son argent ! Jim commanda deux nouveaux rhums à la grosse femme multre qui trônait derrière le comptoir et s’installa bien en face de son ami.
– Te souviens-tu de cette séance de spiritisme dans l’église abandonnée du bayou Saint-Jacques ? Eh bien, nous allons inviter ton copain à une expérience tout aussi intéressante et qui lui plaira certainement.
Je t’ai déjà parlé de mon vrai livre de magie… non, ne souris pas !
Voyages et vacances
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