cela ne s’invente pas – était encore ouvert, Voyance serieuse ainsi que quelques restaurants.
Quand le dernier appel de fermeture avait retenti, je m’étais glissé dans ma cachette et j’avais attendu, priant pour que la femme de ménage ne vienne pas, dans un catastrophique excès de zèle, procéder à une dernière inspection de ses toilettes.
Quand tout m’a semblé calme, je me suis faufilé à l’extérieur et je me suis aventuré prudemment dans la galerie marchande.
Elle était déserte et silencieuse.
Je me suis arrêté à la hauteur du chantier que j’avais repéré plus tôt ; un problème urgent avec une canalisation apparemment.
Des ouvriers s’y affairaient avant la fermeture, et j’avais repéré la lourde caisse à outils qui traînait un peu à l’écart.
Comme je l’espérais, cette dernière était toujours au même endroit.
J’ai franchi le périmètre de sécurité et je me suis avancé.
Il me fallait un objet solide et massif, un objet qui fasse des dégts.
J’ai choisi une clé à molette, une très grosse, et (cela ne se fait pas, je sais) je suis parti sans scrupules avec.
Mon arme blanche à la main, j’ai longé à grands pas la galerie circulaire, pressé à présent d’en finir au plus vite.
Mes chaussons moribonds me garantissaient une discrétion relative (c’était déjà ça) et je restais autant que possible dans la pénombre, tchant de déjouer la surveillance des caméras.
Ce maudit Photomaton devait forcément se trouver quelque part, mais où ?
J’ai fini par le dénicher, coincé entre la pharmacie et la librairie
les Mondes Lointains
près de l’entrée sud.
La librairie
les Mondes Lointains
j’y vais souvent.
Elle est spécialjsée dans les genres de l’imaginaire.
Outre
Stoneheart
ce roman de fantastique que ma mère devait me ramener, c’est là également que j’avais acheté
Spirales Infernales, 16 nouvelles cultes de terreur quelques semaines auparavant.
Je n’avais jamais remarqué ce Photomaton.
Jusque-là, l’emplacement était vide.
Il avait dû être installé très récemment, dans les quelques derniers jours.
Il se tenait curieusement dans un recoin, dans l’ombre, presque à l’abri du regard.
Je me suis approché.
La cabine avait l’air bien ordinaire, conçue pour passer parfaitement inaperçue.
Pourtant, une sensation désagréable de picotement m’a parcouru l’échine et, en effleurant la paroi, je n’ai pu réprimer un frisson.
J’ai tiré le rideau et j’ai pénétré à l’intérieur.
Là aussi tout semblait anodin : le tabouret ajustable, l’objectif de l’appareil derrière la vitre, les orifices pour glisser la monnaie ou la carte bancaire… Même les austères consignes de posture (
tenez-vous droit, regardez devant vous etc.) semblaient d’une banalité rassurante.
Un Photomaton des plus inoffensifs, somme toute.
Se pouvait-il que je fasse complètement fausse route ?
Non, un instant, quelque chose n’allait pas.
Je me suis approché de la notice.
En dessous des consignes imprimées en gros caractères, là où normalement on s’attend à voir écrit en petites lettres un avertissement du type : Le non-respect de ces recommandations pourra entraîner le refus des photos par les autorités compétentes
il y avait à la place quelque chose ressemblant à : travaillezpendanthuitheuresdormezpendanthuitheuresamusezvouspendanthuitheures
J’ai senti une sueur glacée me couler le long du dos et la sensation de picotement m’a repris, plus intense cette fois.
Société
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