Marjorie et moi habitons un joli condo au centre-ville de Montréal. Nous avons un beau balcon avec des fleurs en pots. Notre chat aime aller y faire ses siestes et y prendre le soleil. De nos fenêtres, nous avons une magnifique vue sur le fleuve. Notre condo est constitué de six pièces, soit deux chambres à coucher, un salon, la salle à manger et un bureau où je travaille. Pour le moment, la deuxième chambre à coucher est une chambre d’ami. Quand les parents de Marjorie viennent nous voir de Trois-Rivières ou quand mon frère Roger, qui vit à Paris, revient à Montréal, c’est là que nous les installons. Mais bientôt, il n’y aura plus de chambre d’ami. En effet, Marjorie et moi allons avoir un nouveau colocataire. Il va partager notre condo au moins pour les dix-huit prochaines années.
Eh oui, permettez-moi de vous l’annoncer : Marjorie est enceinte de notre premier enfant. Si c’est une fille, nous l’appellerons Josette. Si c’est un garçon, son prénom sera William. Une fois que le petit sera né, les parents de Marjorie et Roger devront donc passer la nuit à l’hôtel.
Nous sommes situés au douzième étage sur un total de quinze. C’est une construction toute récente qui date de 2007. C’est un immeuble de luxe en béton et en verre qui offre tous les avantages de la vie urbaine. Nous avons une salle d’exercice, une piscine intérieure et un spa. Il y a un mini centre commercial où nous pouvons faire l’achat des choses les plus nécessaires à la vie de tous les jours juste en prenant l’ascenseur. Sur le toit de l’immeuble, une terrasse a été aménagée. Il y a une piscine et il est possible de faire des barbecues.
Jusqu’à ce condo, j’avais habité soit des cottages ou des appartements sis au dernier étage de l’immeuble. L’idée d’avoir des voisins au-dessus de moi m’inquiétait. J’avais entendu trop d’histoires d’horreur : entendre le voisin marcher à toute heure du jour et de la nuit, sursauter quand il échappe quelque chose ou tire une chaise. Très peu pour moi : je déteste le bruit. Or Marjorie voulait absolument acheter un condo dans cet immeuble et il restait seulement des appartements au neuvième et au douzième. Donc, dans les deux cas, nous aurions un voisin au-dessus de nous.
J’avais donc l’intention de refuser d’acheter un condo dans cet immeuble, mais Marjorie m’a tout de même convaincu de rencontrer le représentant et de visiter l’un des appartements. Celui-ci nous a expliqué que la structure de l’immeuble était en béton, que chaque étage reposait sur un plancher de béton. En termes de solidité et d’insonorisation, on ne pouvait faire mieux. Pour ce qui est des voisins de palier, les murs mitoyens de chaque condo étaient insonorisés selon les plus hauts standards. Il était possible de faire jouer de la musique à tue-tête sans qu’on l’entende à l’extérieur de l’appartement. Nous avons fait le test : c’était vrai. J’ai exigé de visiter l’appartement en soirée, au moment où les voisins du dessus seraient chez eux.
Le silence était total. J’ai fait corroborer les données que m’avait communiquées le représentant par un ingénieur de mes amis. Il était d’accord : avec une telle armature en béton, en termes d’insonorisation, impossible de rien entendre. Je suis retourné voir l’appartement. C’était toujours le silence total : en fait, chaque fois que je le visitais, quand je rentrais chez moi, je trouvais mon propre appartement incroyablement bruyant. Nous avons donc fait une offre d’achat qui a été acceptée. En novembre 2007, nous emménagions dans notre tour en béton. Et je ne me suis pas trompé. En termes de silence, il n’y a rien de mieux. Que ce soit les voisins de dessous ou de dessus, les voisins de paliers, je n’entends jamais rien : et pourtant, l’immeuble est plein d’adolescents. Il semble que les nouveaux propriétaires de l’appartement au-dessus du mien fasse des fêtes monstres toutes les fins de semaine. Silence total chez Marjorie et moi. Car chez nous, le silence est coulé dans le béton!
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