Un homme ayant fait fortune dans le monde de la finance aux USA arrive en fin de vie et constate qu’il a… oublié de vivre.
Il n’a aucun souvenir agréable…
Un ami va lui proposer un curieux marché pour remédier à cette lacune.
Souvenirs à vendre
« La mémoire d’un homme est constituée d’événements, Tarot gratuit des joies mais aussi des peurs qui ont jalonné sa vie.
Les sages savent aussi que chaque homme possède le souvenir de l’espace où règnent de bien hideuses choses qui ne devraient jamais intervenir au stade de l’éveil mais rester dans les recoins tortueux des rêves. »
Allonyus THRACE,
Réflexions sur l’alchimie et le Livre Noir
Koblenz, 1785.
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Ezra Comb n’avait jamais été heureux… ni d’ailleurs vraiment malheureux ! Comme son père avant lui, il avait suivi les cours d’économie à la Southern University de Bton-Rouge, capitale de l’état de Louisiane, jusqu’à sa maîtrise et son entrée au bureau de la société de conseil financier Gold Eagle.
Toujours dans la tradition familiale, il avait gravi les échelons qui mènent au sacro-saint Conseil de direction d’où il plongeait un regard acéré et froid sur le monde de la finance américaine.
Au fil des années, il était devenu un Major des placements immobiliers, des rentes à moyen ou long termes, l’ami des banquiers, le confident des riches veuves, l’intime du sénateur qui, lui-même, avait ses entrées à la White House.
Ezra était riche, influent, craint de beaucoup.
Sa luxueuse demeure coloniale datait des heures glorieuses d’avant l’Union, quand une bourgeoisie francophone née à l’ombre de la Compagnie des Indes rêvait de Versailles et des fastes de l’Ancien régime.
Mais il y avait une ombre au tableau de la vie exemplaire de cet homme ; il n’avait aucun souvenir hors son univers professionnel.
Ezra Comb avait simplement oublié de vivre, comme le chantait si bien Johnny Hallyday dans les années 70…
Aucun véritable ami avec qui évoquer les soirées de beuveries ou des escapades dans la nature, aucun visage féminin apportant sensualité et douceur dans son passé, nul « lieu magique » où sa jeunesse aurait été sublimée par des rencontres merveilleuses, aucun voyage d’agrément même.
La sécheresse de son cœur n’avait d’égale que celle des colonnes de chiffres des résultats boursiers et des bilans de société.
Société
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