Le puisatier est un professionnel qui est moins courant dans les grands centres urbains. Cela est fort compréhensible, en effet, car les puits sont maintenant, à toutes fins pratiques, absents des grandes villes – et quand ils sont présents, ils ne sont là qu’à des fins récréatives ou historiques. On trouve donc peu de puisatiers en ville. Mais pour la campagne, le tableau est légèrement différent. Il existe en effet de nombreux endroits situés en campagne qui ne sont pas desservis par un système d’aqueduc. Ils n’ont conséquemment pas accès à l’eau potable, et doivent donc avoir recours à d’autres moyens de s’approvisionner en eau courante. C’est là que le puisatier pourra intervenir.
On pourrait s’étonner de ce que des maisons soient encore, en cette ère de progrès, sans approvisionnement en eau potable. Pourtant, c’est au contraire une chose très normale quand on regarde une chose qui caractérise la campagne : la très faible densité de la population. L’installation de tels systèmes de transport de l’eau serait, au final, tellement coûteuse, et pour desservir si peu de gens, que la solution qu’offre le puisatier – soit l’installation d’un ou plusieurs puits à des endroits stratégiques – devient finalement une solution intéressante.
Mais certainement, ce n’est pas en Occident, dans les pays riches et industrialisés, que le puisatier trouve le plus de travail et revêt le plus d’importance. C’est plutôt dans les pays du tiers-monde, où les pénuries d’eau potable sont courantes, qu’il est surtout appelé à exercer de toute urgence. Les villages privés d’eau à la faveur des sécheresses sont innombrables dans ces pays qui sont, depuis longtemps, aux prises avec une pauvreté endémique, des guerres civiles et des maladies dévastatrices. Là-bas, la solution d’un système d’aqueduc complet est absolument impossible à envisager, et l’installation d’un puits dans un village pourra certainement sauver des centaines, voire des milliers de personnes en transformant la vie de ce village.
L’importance d’un puisatier dans un tel contexte est l’évidence même. On sait bien que le puisatier ne règle en rien les problèmes de fond qui rongent ces pays, qui minent la vie de ses millions d’habitants et d’habitantes. Le puisatier ne règle pas la guerre, et n’endigue pas les maladies. Seulement, il est important, car il apporte un minimum vital, il fait un petit quelque chose pour la dignité et pour la qualité de ces gens qui, c’est presque un euphémisme, n’ont pas la vie facile.
L’art du puisatier en est un complexe. En effet, il faut à la fois qu’il soit en mesure de choisir l’endroit le plus convenable pour installer son puits en tenant compte des besoins et des contraintes qu’imposent les populations, mais il doit en plus être capable de choisir quel type de puits conviendra le mieux. Faut-il un puits conventionnel à tel endroit, ou n’est-il pas préférable d’y installer plutôt un puits artésien? Ce sont des questions que le puisatier doit savoir trancher, et qui ne sont pas toujours évidentes. Enfin, le puisatier doit aussi être en mesure de bâtir le puits et de l’installer lui-même, et doit pouvoir sans peine en faire l’entretien. On comprend donc que le puisatier est un peu un géologue, un peu un ingénieur, un peu un hydrologue, et plein d’autres choses encore, pour pouvoir accomplir toutes les tâches que supposent l’installation d’un puits.
Mais son travail, s’il est ardu, revêt aussi une importance capitale. De nombreuses régions du globe (riches ou moins riches) n’ont pas la chance d’avoir, à proximité, un plan d’eau potable suffisant pour les populations qui y résident. Le puits représente parfois un choix, une commodité, mais la plupart du temps une nécessité vitale, qui permet de s’approvisionner en eau potable. Cela est, on le sait bien, vital pour la survie des êtres humains.
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