Toute votre attitude déclarait haut et fort « arrêtez-moi si vous le pouvez ».
J’avais déjà rencontré dans l’armée des femmes de caractère.
Mais cette force que l’on est en droit d’attendre d’un soldat est bien plus surprenante chez une jeune noble.
J’étais là également quand, d’une simple phrase vous nous avez épargné une guerre avec Athanelas.
Je vous ai vu briller de mille feux dans toutes les cérémonies officielles.
Mais je n’ai jamais pu me défaire de cette vision de vous, isolée et sale, faisant face à vos adversaires.
Et rien n’est venu entacher l’affection que je vous porte depuis lors.
Lady Clarissa revint vers la fenêtre. Un caprice d’adolescente.
Voilà ce qui a fait faiblir le grand général… Qu’avez-vous connu de la vie pour vous émouvoir de ces idioties ? Rien, Ma Dame.
Seulement le sang et les larmes.
Mais j’ai cette différence avec les stygiens, que je me bats pour protéger la vie d’un peuple.
Pour que d’autres, eux, puissent apprendre ce qui fait l’existence.
Dans la bouche de tout autre, cette phrase aurait probablement paru d’un mélodramatique ridicule.
Ou serait passée pour une tentative thétrale de trouver une justification noble à la violence.
Mais Gebryel Xavius Erethnor était un sacrifice vivant.
Tous ceux qui connaissaient son passé le savaient.
Elle dit simplement : – Alors j’espère que vous vous montrerez digne de cette charge.
Je ferai l’annonce officielle demain.
Sans lui laisser le temps de réagir, elle tourna les talons et s’en fut.
Xavius dut se passer d’air pendant un moment, la dernière réplique de Clarissa lui avait coupé le souffle.
Mais en cet instant, l’air lui importait peu.
Elle avait cédé.Et oh par les dieux ! il allait être roi de Lavernus.
Les années semblaient avoir rattrapé Brigess Valmont et le dévorer à une vitesse affolante.
La nouvelle de la décision de la princesse lui rendit quelque peu le sourire.
Et les préparatifs le plongèrent dans une activité salutaire.
Les contacts lavernes aux Îles Dorées lui avaient appris ce qu’il était advenu de son fils.
Heureusement il put penser à autre chose pendant plusieurs jours, et le mage de bataille refit son apparition derrière les traits du vieillard.
Mais alors qu’il organisait dans un délai record une cérémonie
avec une grande efficacité, certaines choses échappèrent à son attention.
Tous les citoyens de la capitale ne se réjouissaient pas du choix de la princesse.
En particulier, le jeune noble Kadwald de Surac.
Brûlant d’amour pour lady Clarissa depuis son plus jeune ge, il ne pouvait se résoudre à accepter l’idée qu’un autre que lui allait la faire sienne.
Non, en aucun cas cela n’adviendrait ! Aussi attendait-il, tapi dans l’obscurité d’un couloir utilisé uniquement par les domestiques.
Ses privilèges de noble lui avaient ouvert les portes du palais.
De plus, il y était venu si souvent déclarer sa flamme à la princesse que les gardes le connaissaient presque tous.
La plupart se moquaient de lui, mais il n’en avait cure.
Aujourd’hui il avait une tche à accomplir.
Il savait que l’usurpateur passerait bientôt devant lui.
Il se croyait en sécurité dans le chteau.
Quelle arrogance ! Kadwald allait la lui faire amèrement regretter.
Un tel btard ne pouvait prétendre au trône.
Et encore moins au lit de la princesse. Voyance serieuse La main gantée du jeune homme serra plus fort la poignée de la dague qu’il avait acquise pour l’occasion.
Société
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